Le
roman et le récit du Moyen Âge au XXIe siècle
Séquence
II
Passion
et raison
Problématique
·
En
quoi le personnage reflète-t-il les enjeux moraux de la société de son
temps ?
·
Œuvre
intégrale : Mme de La Fayette, La Princesse de Clèves (1678)
I. Le
roman
·
Un
genre littéraire narratif qui raconte une histoire de la manière ordonnée et
précise que choisit son auteur. Le roman peut être défini
comme une fiction (une œuvre imaginaire) en prose (sans versification). Il est
en général plus long qu’un conte et qu’une nouvelle. Il diffère du récit, qui
est généralement plus simple du point de vue de la narration.
L’ORIGINE
DU MOT « ROMAN »
·
Le
mot « roman » est apparu au XIIe siècle. Il a alors deux
significations : il peut désigner la langue parlée dans le nord de la
France ou bien un récit en vers (comme les romans de la Table ronde).
Le mot « roman » désigne ensuite des récits en
prose d’origine populaire comme le Roman de Renart (xiie–xiiie siècles).
Peu à peu le sens s’élargit et désigne toutes sortes de récits d’aventures
imaginaires, merveilleuses ou incroyables.
UNE
FORME EN CONSTANTE ÉVOLUTION
·
Du Moyen Âge à l’époque
moderne, le roman prend de multiples formes et ne cesse d’évoluer. À partir du
XIXe siècle, il devient la forme littéraire la plus utilisée par les
écrivains, et la plus populaire.
LES
GENRES ROMANESQUES AU FIL DES SIÈCLES
·
Les
romans du Moyen Âge
·
Le roman de chevalerie
est un genre de roman dont les héros sont des chevaliers.
·
Le roman courtois est
une variété du roman médiéval des XIIe et XIIIe siècles, dont les
personnages et l’intrigue amoureuse sont marqués par l’idéal de la
courtoisie.
Les
romans des XVIe et XVIIe siècles
·
Le roman picaresque
raconte l’apprentissage d’un jeune héros naïf, inexpérimenté et
misérable. C’est un mélange de roman d’aventures et de roman d’apprentissage.
Ø
Se dit
d'œuvres littéraires dont le héros traverse toute une série d'aventures qui
sont pour lui l'occasion de contester l'ordre social établi.
·
Le roman pastoral
met en scène des bergers et des bergères
et raconte leurs amours contrariées.
·
Le roman précieux se
développe au XVIIe siècle. Il a pour thème l’amour, et traite des préoccupations
troublantes de l’époque, dans un langage très raffiné. Madeleine de Scudéry
excelle dans ce genre avec Clélie, histoire romaine (1654-1660).
Les
romans du XVIIIe siècle
·
À travers l’intrigue
du roman philosophique, l’auteur exprime ses idées
philosophiques. Ce type de roman apparaît au siècle des Lumières.
·
Le roman épistolaire,
ou roman par lettres, est entièrement constitué
par les lettres échangées entre les personnages.
·
EX:
Les Liaisons dangereuses (1782) de Choderlos de Laclos.
Les
romans du XIXe siècle
·
Le
roman historique:
·
Se
déroule dans le passé et tente de faire revivre une époque particulière de
l’histoire. Les romantiques affectionnent ce genre, notamment Alfred de
Vigny (Cinq-Mars, 1826) et Victor Hugo (Quatre-vingt-treize,
1874).
·
Le roman réaliste se développe
au XIXe siècle avec Stendhal, Honoré de Balzac et sa Comédie humaine,
puis avec Gustave Flaubert, les frères Goncourt et enfin Émile Zola. Le roman
réaliste est ancré dans la réalité politique et sociale. Le physique des
personnages et le milieu social dans lequel ils vivent sont décrits avec
attention.
·
Le roman naturaliste se
situe dans la lignée du roman réaliste, dans le dernier tiers du
XIXe siècle. Il est représenté surtout par Émile Zola qui tente
d’appliquer à l’écriture du roman une méthode analogue à celle des sciences. Il
étudie notamment les comportements humains et les milieux sociaux.
·
Le roman d’aventures connaît
son apogée dans la seconde moitié du XIXe siècle. Ces romans très
populaires sont Riches en aventures, en épreuves et rebondissements.
·
Le roman fantastique décrit
un monde familier dans lequel se produisent des événements que la raison ne
permet pas d’expliquer et qui ont une cause surnaturelle.
LES
ROMANS DU XXE SIÈCLE
·
Le roman policier, dont
l’intrigue tourne le plus souvent autour d’une enquête policière, naît
véritablement avec Arthur Conan, qui crée en 1887 le personnage du détective
Sherlock Holmes.
·
Le roman de science-fiction:
·
La
science-fiction transpose la science et la culture en d’autres temps (notamment
dans le futur) ou d’autres espaces (sur d’autres planètes).
·
EX:
1984 (1949) de Georges Orwell.
·
Le roman engagé est un
roman dans lequel l’auteur exprime des convictions politiques ou
philosophiques. Il apparaît dans les années 1930-1940, avec des
auteurs comme André Malraux (la Condition humaine, 1933), Louis Aragon (les
Beaux Quartiers, 1934), Albert Camus (l’Étranger, 1942) et Jean-Paul
Sartre (la Nausée, 1938).
·
Le Nouveau Roman n’est
pas un genre romanesque mais un courant littéraire né en France dans les
années 1950-1960. Il regroupe des écrivains comme Nathalie Sarraute,
Claude Simon, Michel Butor, Alain Robbe-Grillet, qui cherchent à renouveler le
genre du roman en rompant avec le roman traditionnel, notamment en refusant les
notions de personnage, d’intrigue, de réalisme.
II.
Comment analyser le roman et ses personnages ?
A. Le
personnage et les points de vue : la focalisation
·
Pour raconter une histoire, on doit choisir un
point de vue : le romancier décide qui perçoit les événements rapportés.
Le mot « focalisation » est issu du vocabulaire photographique :
c’est le foyer à partir duquel une photo est prise.
·
1. Le
point de vue externe
·
L’auteur
s’efface ; on ignore les pensées des personnages, le compte rendu des
actions est fait de façon droite, « du dehors ». Seul ce qui est
visible de l’extérieur est raconté.
·
«On
faisait la soupe, les cheminées fumaient, une femme apparaissait de loin en
loin le long des façades, ouvrait une porte, disparaissait » (Emile
ZOLA, Germinal)
·
2. Le
point de vue interne
·
Les
événements sont perçus à travers les sensations et les pensées d’un seul
personnage. On identifie ce point de vue grâce à la présence de verbes de
perception, au vocabulaire des sentiments.
On reste donc dans l’ignorance de ce que personnage lui-même ne connaît
pas; s’il se pose des questions, on n’en a pas forcément les réponses. Ce point
de vue favorise l’identification du lecteur au personnage.
·
3. Le
point de vue omniscient (ou focalisation zéro)
·
On
connaît le passé, le présent, les pensées et les sensations de l’ensemble des
personnages. Le romancier prend un pouvoir plus apparent dans le récit. Ce
point de vue est très fréquent dans le roman traditionnel (Hugo, Balzac,
Verne…).
·
« Toutes
avaient les unes pour les autres une indifférence mêlée de défiance qui
résultait de leurs situations respectives. Elles se savaient impuissantes
à soulager leurs peines. » (Honoré de Balzac, Le père Goriot)
B. Le
personnage et le temps : les modalités du récit
·
Le
temps romanesque n’est pas linéaire comme le temps réel : le récit peut
accélérer ou ralentir l’action, revenir en arrière, s’arrêter brusquement. Les
personnages ont dans le roman une vie plus ou moins complète, certains ne font que des apparitions épisodiques, la
façon dont ils s’inscrivent dans le temps peut donc être très intéressante à
étudier.
C. Les relations entre le personnage,
l’auteur, le narrateur…
·
Les
modes de narration:
·
Le
récit est un montage narratif de plusieurs niveaux: l’auteur écrit un
roman et délègue au narrateur le soin de raconter une histoire mettant en scène
des personnages. On appelle mode de
narration la façon dont le récit est
assuré par le narrateur.
·
Auteur…narrateur…personnage
Il y a deux modes principaux de narration. Le narrateur
extérieur au récit raconte l’histoire à la troisième personne : il
semble absent du récit. Le narrateur-personnage est en revanche
directement présent dans le récit : il le raconte à la première personne,
en tant que héros ou personnage témoin.
D. La
caractérisation des personnages
La
caractérisation directe:
La caractérisation directe du
personnage est constituée par son état civil, ses portraits, sa biographie, un
certain nombre de marques explicites qui dessinent progressivement son
identité. Certains auteurs, comme Zola
ou Balzac, utilisent majoritairement la caractérisation directe.
La caractérisation indirecte du
personnage passe à travers ses réactions face aux événements, son comportement,
ses rapports avec les autres, ses paroles : ces éléments dessinent
progressivement la personnalité du héros. Flaubert ou Maupassant adoptent
davantage la caractérisation indirecte.
« Un jeune homme de dix-huit ans, à longs cheveux et qui
tenait un album sous son bras, restait auprès du gouvernail, immobile. A travers le brouillard, il contemplait des clochers, des édifices dont
il ne savait pas les noms ; puis il embrassa, dans un dernier coup d’œil,
l’île Saint-Louis, la cité, Notre-Dame ; et bientôt, Paris disparaissant,
il poussa un grand soupir. »
(Gustave Flaubert, L’Education sentimentale, 1869)
Caractérisation
directe : il s’agit ici
d’une description classique, qui contient des renseignements sur l’identité du
personnage. Même si l’on ignore son nom, on apprend son âge, et on a une idée
de son apparence.
Caractérisation
indirecte : Dans le même
paragraphe, on a des indications implicites sur la personnalité de Frédéric
Moreau, qui transparaissent à travers son comportement : il ne connaît pas
Paris, il semble mélancolique. Le passage de la description pure au récit est
perceptible à travers le changement de temps (de l’imparfait au passé simple).
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