La critique des "Fleurs du mal” en 1857



C'était à la une ! La critique des "Fleurs du mal” en 1857


Le figaro, article de Gustave Bourdi.
Le 05 Juillet 1857.


« CECI ET CELA
J'ai la deux volumes imprimés et publiés par un nouveau venu qui semble prendre à tâche de prouver une fois de plus que tout métier est doublé d'un art. — Cet éditeur, c'est M. Poulet-Malassis. II a su retrouver toutes les coquetteries de la vieille typographie : les titres et les initiales en rouge, le papier blanc et collé, la carac tère net, l'encre noire et limpide. Les Odes funambu lesques, de Théodore de Banville ; le Comte Gaston de Raousset-Soulbon, par Henry de la Madeleine, ses deux livres d'essai, ont été accueillis avec acclamation par tous les bibliophiles, bibliomanes et bibliophages de Paris et des départements. [...]
 C'est aujourd'hui le tour des Fleurs du mal, de M. Charles Baudelaire, et des Lettres d'un mineur, d'Antoine Fauchery.
M. Charles Baudelaire est, depuis une quinzaine d'années, un poète immense pour un petit cercle d'individus dont la vanité, en le saluant Dieu ou à peu près, fai sait une assez bonne spéculation; ils se reconnaissaient inférieurs à lui, c'est vrai ; mais en même temps, ils se proclamaient supérieurs à tous les gens qui niaient ce messie. Il fallait entendre ces messieurs apprécier les génies à qui nous avons voué notre culte et notre admiration : Hugo était un cancre, Béranger un cuistre, Alfred de Musset un idiot, et madame Sand une folle. Lassailly avait bien dit : Christ va-nu-pieds, Mahomet vagabond et Napoléon crétin. — Mais on ne choisit ni ses amis ni ses admirateurs, et il serait par trop injuste d'imputer à M. Baudelaire des extravagances qui ont dû plus d'une fois lui faire lever les épaules. Il n'a eu qu'un tort à nos yeux, celui de rester trop longtemps inédit. Il n'avait encore publié qu'un compte rendu de Salon très vanté par les docteurs en esthétique, et une traduction d'Edgar Poe. Depuis trois fois cinq ans, on attendait donc ce volume de poésies ; on l'a attendu si longtemps, qu'il pourrait arriver quelque chose de semblable a ce qui se produit quand un dîner tarde trop à être servi ; ceux qui étaient les plus affamés sont les plus vite repus: — l'heure de leur estomac est passée. 
Il n'en est pas de même de votre serviteur. Pendant que les convives attendaient avec une si vive impatience, il dînait ailleurs tranquillement et sainement, — et il arrivait l'estomac bien garni pour juger seulement du coup d'œil. Ce serait à recommencer que j'en ferais autant.
J'ai lu le volume, je n'ai pas de jugement à prononcer, pas d'arrêt a rendre ; mais voici mon opinion que je n'ai la prétention d'imposer à personne : On ne vit jamais gâter si follement d'aussi brillantes qualités. Il y a des moments où l'on doute de l'état mental de M. Baudelaire; il y en a où l'on n'en doute plus : — c'est, la plupart du temps, la répétition monotone et préméditée des mêmes mots, des mêmes pensées. — L'odieux y coudoie l'ignoble ; — le repoussant s'y allie à l'infect. Jamais on ne vit mordre et même mâcher autant de seins dans si peu de pages ; jamais on n'assista à une semblable revue de démons, de fœtus, de diables, de chloroses, de chats et de vermine. — Ce livre est un hôpital ouvert à toutes les démences de l'esprit, à toutes les putridités du cœur; encore si c'é tait pour les guérir, mais elles sont incurables. Un vers de M. Baudelaire résume admirablement sa manière; pourquoi n'en a-t-il pas fait l'épigraphe des fleurs du mal ? Je suis un cimetière abhorré de la lune. Et au milieu de tout cela, quatre pièces, le Reniement de saint Pierre, puis Lesbos, et deux qui ont pour titre les Femmes damnées, quatre chefs-d'œuvre de passion, d'art et de poésie ; mais on peut le dire, — il le faut, on le doit : — si l'on comprend qu'à vingt ans l'imagination d'un poète puisse se laisser entraîner à traiter de sem blables sujets, rien ne peut justifier un homme de plus de trente d'avoir donné la publicité du livre à de sem blables monstruosités. [...]
Gustave Bourdin »

Les Figures de style


Les Figures de style

·               Une figure de style est une manière de s’exprimer qui s’écarte de la norme pour donner plus de force à l’idée.

I. Les figures d’analogie

·         1. La comparaison:

·         2. La métaphore

·         3. La métaphore filée

·         4. La personnification

1. La comparaison:

C’est une figure de style qui consiste en la mise en relation, à l’aide d’un mot de comparaison appelé le « comparatif », de deux réalités, choses, personnes etc. différentes mais partageant des similarités. La comparaison est l’une des plus célèbres figures de style et est très utilisée.

Mots de comparaison: comme, tel, semblable à, …

La structure:

·         La fumée comme un serpent.

·         Le comparé est l’élément dont on parle → la fumée.
Le comparant est l’image employée → un serpent.
Le motif est le point commun → la forme sinueuse.

·         Ex : Ses yeux sont bleus comme l’océan.

·         Comparé : ses yeux                 comparant : L’océan                    outil : comme

2. La métaphore

Désigner une chose par une autre qui lui ressemble ou qui a une qualité similaire. On la confond souvent avec la comparaison dont la différence est qu’elle affirme une similitude alors que la métaphore la laisse deviner. La métaphore.

·         On distingue deux sortes de métaphores. 

·         Dans la métaphore annoncée, le comparé est présent :

·         Ex : Son regard est un océan limpide.

·         La métaphore annoncée est assez proche de la comparaison ; mais contrairement à ce qu'on trouve dans une comparaison, l'outil de comparaison («comme») n'est pas exprimé explicitement.

·               Lorsque le comparé est absent et qu'il ne reste plus que le comparant, la métaphore peut se transformer en une sorte d’énigme. Le lecteur doit alors faire un effort d’interprétation. On parle alors de métaphore directe :

·               Ex : Les camps d'ombre ne quittaient pas la route du bois (Aube d’ A.Rimbaud)

·               « Les camps d’ombre » sont ici une métaphore réduite au comparant : on peut penser qu’il s’agit des éléments du paysage qui comme une armée « résistent » à l’apparition du soleil.

3. La métaphore filée

·               Il s'agit d'une métaphore qui se prolonge, qui est développée (par ex. dans tout un paragraphe) et qui s'appuie le plus souvent sur des mots qui relèvent d'un même champ lexical.

·         EX: Dans le père Goriot, Balzac compare Paris à un océan :

·         Mais Paris est un véritable océan. Jetez-y la sonde, vous n’en connaîtrez jamais la profondeur. […] Quelque nombreux et intéressés que soient les explorateurs de cette mer, il s’y rencontrera toujours un lieu vierge,[…] des fleurs, des perles, des monstres, quelque chose d’inouï, oublié par les plongeurs littéraires.

4. La personnification

·         Attribuer des propriétés humaines à un animal ou à une chose dans le but de les faire parler ou agir.

·         Une personnification peut avoir plusieurs effets : un effet allégorique (on parle souvent d’allégorie dans ce cas plutôt que personnification) ou un effet anthropomorphique (humaniser un être ou une chose non-humaine).

·         EX: « Avec quelle rigueur, Destin, tu me poursuis » – Jean Racine, Phèdre.

·         « On craint qu’avec Hector Troie un jour ne renaisse » – Jean Racine, Andromaque.

·         « Le soleil aussi attendait Chloé, mais lui pouvait s’amuser à faire des ombres » – Boris Vian, L’écume des jours.

II. Figures de substitution

·         1. La périphrase.

·         2. La métonymie.

·         3. La synecdoque.

1. La périphrase

·         Définition : une périphrase est le fait de remplacer un mot par sa définition ou une expression plus longue ayant le même sens. Elle est souvent utilisée dans un but poétique ou métaphorique.

·         Exemples :

·         « La ville rose » (pour désigner Toulouse)

·         « La langue de Shakespeare » (pour désigner la langue anglaise).

·         La capitale de la France pour « Paris ».
Elle évite une répétition et ajoute une information.

·         « Le billet vert » (pour désigner le dollar américain).

·         « Le roi soleil » (pour désigner Louis XIV).

·         « Les forces de l’ordre » (pour désigner les policiers).

2. Métonymie

·         Une métonymie remplace un élément par un autre ayant un lien logique avec lui, par exemple :

·         Ex: le contenant pour le contenu (Boire un verre)         

·         Le symbole pour la chose (Les lauriers, symbole de la gloire)

·         L'écrivain pour son œuvre (Lire un Zola)

·         « Consulter le Larousse. »

·         le lieu pour la personne qui y travaille:
L’Élysée s’est exprimé.

3. La synecdoque

·         C'est un cas particulier de métonymie.

·         On prend le tout pour la partie ou la partie pour le tout.

·         Ex:

·         Le tout pour la partie : Metz a gagné la finale (pour «les joueurs de l'équipe de foot de Metz»...) 

·         La partie pour le tout :

·         Les voiles prennent le départ (pour «les bateaux à voiles»)

·         Exemples :

« Son vélo a crevé » (pour signifier que le pneu du vélo a crevé)

« Le bateau crache une fumée noire » (pour signifier que la cheminée du bateau crache de la fumée)

« Regarde le vison que je viens d’acheter » (pour signifier la fourrure de vison)

« Un troupeau de quarante têtes » (quarante animaux)

III. Les figures d’opposition

1. L’oxymore

·         Figure de style qui consiste à placer l'un à côté de l'autre deux mots opposés.

·         Ex : «Cette obscure clarté…» (Le Cid de Corneille), le soleil noir, un mort-vivant...

·         Cette figure de style permet de créer une image surprenante. On l'appelle aussi parfois «alliance de mots» ou oxymoron.

·         Le but de l’usage de l’oxymore est de créer la surprise chez le lecteur. L’oxymore permet d’exprimer ce qui n’est pas concevable et permet aussi de rendre compte de ce qui est absurde.

2. L’antithèse :

·         L’antithèse (ou alliance d’idées) est une figure par laquelle on oppose deux termes ou deux ensembles de termes contraires. Cette figure de style oppose des idées

·         Ex : « Certains aiment la nuit comme d'autres vénèrent le jour. »

·         Être ou ne pas être

·         (Shakespeare, Hamlet, III, 1)

Ce vers de Hamlet est l’exemple le plus simple d’antithèse : la proposition « Être » s’oppose à la proposition « ne pas être ». 

Antithèse et oxymore

·         La différence est simple :

·         L’antithèse oppose deux éléments distincts alors que l’oxymore se porte sur un même élément qui a des qualités contradictoires. 

·         Cette obscure clarté qui tombe des étoiles

·         L’obscurité est ici « claire ». Un même élément, l’obscurité, possède deux qualités contradictoires : l’obscurité et la clarté

·         Montesquieu nous donne ici un bon exemple par cette antithèse :

·         Non, j’ai pu vivre dans la servitude, mais j’ai toujours été libre.

·         – Montesquieu, Lettres Persanes

·         Montesquieu fait ici contraster le fait que, même si son personnage a vécu dans un régime politique où la servitude règne, il a toujours été intérieurement libre. S’il avait usé d’un oxymore, il aurait pu écrire :

·         J’ai vécu dans une libre servitude.

3. L’antiphrase :

·         L’antiphrase est une figure de style par laquelle on dit quelque chose dans le but d’exprimer le contraire de ce que l’on pense réellement, afin de créer un effet d’ironie ou de dénoncer quelque chose.

·         Le contexte est important, puisqu'il permet de découvrir si une phrase est ironique ou non.

·         Cela peut être un procédé dans le discours argumentatif.         

·          Ex : « Félicitations ! Vous avez réussi ! »

·         Cela peut être une antiphrase si le locuteur ironise sur l’échec de la personne à laquelle il s’adresse.

·               Un enfant arrive à l’école et entre dans le bâtiment. Au moment d’ouvrir la porte, la directrice est sur le palier. L’enfant, plutôt que de laisser passer en premier la directrice, ouvre la porte et s’engouffre dans le couloir. La directrice dit alors : « Quelle éducation ! »

·               Ici, puisque l’enfant a fait preuve d’un manque d’éducation en ne tenant pas la porte à la directrice pour la laisser passer en premier, celle-ci dénonce son manque d’éducation par une antiphrase.

IV. Figures d’amplification

·         1. L’hyperbole: Une figure d’exagération:

·         Je te l'ai dit mille fois.
Je meurs d'impatience.

2. La gradation

·         Une gradation est une énumération de termes placés dans un ordre croissant ou décroissant.

Va, cours, vole. (Corneille, Le Cid)

3. Énumération ou accumulation

·         Une énumération consiste à rassembler une suite de mots ou de propositions qui sont de même nature et qui ont la même fonction, généralement ils sont séparés par une virgule. Ces éléments vont créer une sorte de liste.

·         Exemple : Dans mon jardin, il y a des fraises, des pommes, des cerises, des bananes, des poires et des pêches...

4. L’anaphore

·         L’anaphore est une répétition en début de segment ( vers, phrase, etc) qui crée une insistance.

·         Je lutterai donc jusqu’à mon dernier souffle, je lutterai jusqu’à ma dernière goutte de sang. (Dreyfus, lettre à sa femme)

V. Les figures d’atténuation

·         1. L’euphémisme: C’est une expression qui adoucit une réalité désagréable ou choquante.

·         Elle a vécu (Chénier, « La Jeune Tarentine ») pour « Elle est morte ».

2. La litote

·         Une figure qui minimise une réalité en utilisant une négation.

·         Ce n’est pas mauvais pour « c’est bon ». On peut l’interpréter aussi comme une façon de sous-entendre plus qu’on ne dit.
Va, je ne te hais point (Corneille, Le Cid) pour « Je t’aime ».

VI. Figures de sonorité

·         1. L’assonance: Répétition d’un son vocalique.

·         2. L’allitération: Répétition d’un son consonantique.

·         3. Une paronomase: est le rapprochement de mots aux sonorités proches.

·         Qui se ressemble s'assemble.

VII. Les figures de construction

·         1. Un parallélisme: le rapprochement de deux constructions identiques (AB / AB) ; il produit une impression d'équivalence.
Les larmes sont pour le cœur ce que l’eau est pour les poissons. (Flaubert, Pensées)

2. Le chiasme

·         Le chiasme est donc une figure de style qui assemble des éléments fonctionnant en miroir : à un adjectif et un nom, répondent un nom et un adjectif par exemple. Il repose souvent sur le modèle BA/AB où A peut être un nom et B un adjectif et inversement. Les éléments sont, le plus souvent, séparés par une conjonction de coordination ou une virgule, ce qui permet de les distinguer plus facilement.

·         “Ce n’est point parce qu’il est difficile que nous n’osons pas ; c’est parce que nous n’osons pas, qu’il est difficile.” – Sénèque, Lettres à Lucilius, « Lettre 104 ».

·         Qui craint de souffrir, il souffre dejà de ce qu’il craint.”  – Montaigne, Essais.

·         “Vous êtes aujourd’hui ce qu’autrefois je fus.” – Corneille, Le Cid.

·         Il faut manger pour vivre et non pas vivre pour manger. (Molière, L’Avare)

·         Choisissez la bonne réponse.

·         1. Une énumération crée une amplification :
 Vrai Faux

·         2. Une assonance est la répétition d’une voyelle :
Vrai Faux

·         3. Un chiasme est une construction en AB/AB :
Vrai Faux

·         4. Une phrase signifiant le contraire de ce qu’elle semble dire est
une antithèse. une antiphrase.



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