Explication linéaire N° 5: Le roman


Étude d’une œuvre intégrale : La princesse de Clèves de Mme de Lafayette

Parcours associé : Individu, morale et société

Explication linéaire

·               Vous procédez à la lecture linéaire du passage.

·               De « Madame de Chartres, qui avait eu tant d’application […] » à « […] quand on était jeune. » (p. 24-25).

Situation du passage

·               1ère partie, présentation de la cour, arrivée de Mlle de Chartres, scène de 1ère rencontre chez le joailler avec Monsieur de Clèves. Ce dernier loue sa beauté à la Cour sans connaître son identité le soir même chez Madame, sœur du roi ; Madame de Dampierre reconnaît alors Mlle de Chartres et la nomme enfin pour le prince de Clèves.

·               Le jour suivant, Madame sœur du roi raconte à Mlle de Chartres l’étonnement de Monsieur de Clèves, et les fait se rencontrer chez elle. Mlle de Chartres suscite aussi l’admiration du chevalier de Guise. Elle devient ainsi le sujet de toutes les conversations. La reine Dauphine fait de Mlle de Chartres sa favorite, cette dernière est aimée et admirée de toute la cour (excepté de Madame de Valentinois par haine du vidame de Chartres favori de la reine).

·               Le prince de Clèves devient passionnément amoureux de Mlle de Chartres, ainsi que le chevalier de Guise. Il pense être favori – il est le premier à l’avoir admirée – mais craint des réticences du côté de son père, le duc de Nevers, du parti de la duchesse de Valentinois.

Composition

·               Le passage se présente comme encadré par le point de vue de Madame de Chartres (protéger sa fille des dangers de la cour) et présente, en son centre, une description de la cour. On observe en effet d’un côté les craintes et les résolutions prises par Madame de Chartres au sujet de sa fille, de l’autre une description générale de l’ambition et de la galanterie qui règnent à la cour.

I. Les périls de la vie à la cour

A. La présentation d’un lieu dangereux

·               Le narrateur souligne les dangers de la cour grâce à un parallélisme de construction. La répétition de la proposition subordonnée relative débutant par « » insiste en effet sur le lieu où Mlle de Chartres sera exposée à ces périls : « un lieu ils étaient si nécessaires et il y avait tant d’exemples si dangereux » (l. 361- 362).

·               Ces dangers mettent en péril la « vertu » de la jeune fille. Ce sont ensuite les deux adverbes d’intensité « si » qui manifestent la dangerosité de la fréquentation de la cour. On observe le même effet de répétition avec l’adverbe « tant » aux lignes 363 et 364.

B. Intrigues et galanteries

·               Les périls de la cour reposent sur les nombreuses intrigues qui l’occupent. C’est ce que révèle le chiasme : « l’amour était toujours mêlé aux affaires et les affaires à l’amour » (l. 365-366). Les galanteries sont donc étroitement liées au pouvoir et aux rivalités.

C. Une pression sociale constante

·               L’énumération d’occupations « à s’élever, à plaire, à servir ou à nuire » (l. 367), renforcée par l’emploi du pronom « on », confirme qu’il n’y a pas de répit possible pour les membres de la cour. Il faut sans cesse être sur ses gardes pour conserver sa place.

II. La société décrite par Mme de Lafayette

A. Les grandes figures féminines

·               Le narrateur prend soin d’énumérer les grandes figures féminines de la cour. Ces dernières sont évoquées en fonction de leur titre, dans un ordre hiérarchique. La duchesse de Valentinois clôt ainsi la liste. C’est aussi une manière pour le narrateur de révéler son statut à part au sein de la cour. Elle et la Reine sont à l’opposé de l’énumération.

B. Rivalités entre les femmes de la cour

·               Les divisions qui règnent à la cour sont justifiées par trois principales raisons : « Les inclinations, les raisons de bienséance ou le rapport d’humeur » (l. 371-372). Ces divisions sont donc alimentées par les convenances sociales, mais aussi par le caractère des dames. On peut y voir une allusion implicite à des mésententes entre les différentes femmes.

C. Une société profondément divisée

·               Enfin, le narrateur insiste sur les divers clans grâce à l’anaphore de « Celles qui » (l. 373 et 375) qui introduit les deux groupes opposés. L’antithèse entre « vertu » (l. 374) et « galanterie » (l. 376) souligne les différents comportements des femmes au sein des deux clans. La vieillesse se distingue également de la jeunesse.

III. La cour, un lieu oxymorique

A. Un danger agréable :

·               La cour est un lieu oxymorique : agréable mais dangereux. Un paradoxe et une antithèse qui mettent en avant la dangerosité de la cour «  ainsi il y avait une sorte d’agitation…, qui la rendait très agréable, mais aussi très dangereuse… »

B. Pour une jeunesse vulnérable :

·               Le texte insiste sur la jeunesse de l’héroïne : « jeune personne », « sa fille » (/ dame), « quand on était jeune ». Implicitement : la jeunesse attire la galanterie, le regard et le désir des hommes ; la jeunesse suggère la naïveté, l’inexpérience du monde, et désigne la jeune fille comme une proie ou une victime potentielle. Volonté de la mère, « qui avait eu tant d’application », « ne songeait qu’aux moyens d’en garantir sa fille » : ne … que = unique soin, souci constant, volonté d’un mariage glorieux.

C. Une mère qui déchiffre ce théâtre des passions :

·               Position double de la mère : « non pas comme sa mère, mais comme son amie ». «  Souvent embarrassée » : hésitations car la cour est l’espace de signes réversibles (Bien//mal), la rend obscure et pleine de difficultés.

·               Une contradiction entre un monde de dissimulation ( La cour) et une demande maternelle de transparence : «  de lui faire confidence de toutes les galanteries qu’on lui dirait »

Étude de la langue

·               Relevez les propositions subordonnées relatives présentes dans l’extrait de la ligne 359 à la ligne 376 et expliquez leur fonction dans la phrase.

·               — « qui avait eu tant d’application » : complément de l’antécédent « Mme de Chartres ».

·               — « où ils étaient si nécessaires et où il y avait tant d’exemples » : complément de l’antécédent « un lieu ».

·               — « qui avaient passé la première jeunesse » : complément de l’antécédent « celles ».

·               — « qui étaient plus jeunes » : complément de l’antécédent « celles ».

·               Toutes les propositions subordonnées relatives permettent d’apporter des informations sur les antécédents auxquels elles se rapportent.

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