Individu, morale et société :
Parcours associé à l’œuvre intégrale
Explication linéaire VIII
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Vous procédez à la
lecture linéaire de l’extrait de Victor HUGO.
Introduction
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Victor HUGO est une figure
centrale du XIXème siècle. Écrivain romantique puis réaliste ; engagé
contre Napoléon III, contraint à l’exil à Jersey d’où il rentre en 1871, à la
proclamation de la République. Député engagé contre la peine de mort (le dernier
jour d’un condamné) et le travail des enfants (mélancolia « où vont
tous ces enfants dont pas un seul ne rit »).
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Œuvre gigantesque :
théâtre (Ruy Blas, Hernani, Angelo) ; Poésie (les châtiments, Les
contemplations) et romans (Notre-Dame de Paris, Les travailleurs de la mer…) et
Les Misérables paru en 1862. Ce roman met en scène de nombreux personnages
(Cosette, les Thénardier, Gavroche et jean Valjean) aux prises avec la misère
sociale, la pauvreté, mais aussi la misère morale, le vice et la délinquance. Le
personnage de Jean Valjean incarne cette misère au début du roman.
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Dans le chapitre 3 du livre
VII de la première partie intitulé « Tempête sous un crâne », Jean Valjean est
en équilibre entre la tentation d’accomplir le bien par honnêteté ou d’accomplir
une action coupable. Nous sommes en 1823, il s’est enfui du bagne de Toulon en
1815, il a fondé une usine de verroterie. Il est devenu un notable respectable,
riche, bienfaisant et aimé dans la ville de Montreuil sur Mer sous la fausse
identité de M. Madeleine.
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Une péripétie veut qu’un
miséreux, Champmathieu, soit pris pour lui et risque d’être condamné au bagne à
sa place s’il ne se dénonce pas pour l’innocenter. Jean Valjean se trouve
devant un dilemme : vivre dans la honte et le remords ou se dénoncer et avoir
la conscience en paix ? La situation est d’autant plus cruelle et dramatique
que Jean Valjean connaît le prix du bonheur auquel il devrait renoncer.
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Dans ce passage, devant ce
cas de conscience, il envisage la possibilité de se rendre à la justice. Mais
cela le plonge dans le désarroi. Nous allons nous demander comment cette page
de roman rend compte d’un tournant dramatique dans le parcours du personnage.
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1er
Mouvement: Une situation extrême.
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Les interventions du
narrateur encadrent le premier paragraphe pour souligner la cruauté du dilemme
dans lequel est enfermé jean Valjean. L’antithèse entre les termes
« fatalité » et « providence » soulignent l’ironie du sort
qui frappe Jean Valjean: L’anonymat qui assurait son bonheur assure le malheur
de Champmathieu et le sien s’il le garde.
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Jean Valjean semble sous le
joug d’un destin impitoyable qui le poursuit alors même qu’il pensait lui avoir
échappé, c’est ce que met en évidence l’emploi en début et en fin de phrase des
termes opposés « précipité» et « affermir ».
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La tension est très forte
entre deux chemins (utilisation des marques de la dualité: « égale »
« deux résolutions » « tour à tour » « deux
idées » « l’une et l’autre »).
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Cette tension est marquée
également par l’expressivité du texte: hyperboles « épouvante »
« funeste ».
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La décision est entre ses
mains: formes réflexives des verbes: se dénoncer/ se livrer. Les deux solutions
sont envisageables, il faut choisir…c’est tout l’intérêt du registre
délibératif. La liberté du personnage n’est pas seulement matérielle, elle est
aussi dans la possibilité du choix.
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Une plongée dans la
conscience tourmentée de Jean Valjean est assurée par l’utilisation du discours
indirect libre : La voix du narrateur prend en charge les pensées du
Jean Valjean, semble les faire entendre en restituant le trouble et l’agitation
de ce dernier. Le lecteur se fait alors le témoin de la détresse du personnage
notamment à la ligne 6 : «
Se dénoncer, grand Dieu ! se livrer ! », à la ligne 11 « il quitterait cette
maison qu’il avait bâtie, cette petite chambre ! ».
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Toute distance semble
être abolie entre la conscience du personnage, le narrateur et le lecteur.
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Le récit est centré sur
la souffrance morale du personnage, une souffrance qui ne se manifeste pas,
reste confinée et compressée « sous le crâne » de Jean Valjean …
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2e mouvement:
opposition entre deux époques.
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Le texte est
essentiellement structuré autour des figures d’opposition.
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Un présent merveilleux
évoqué avec lyrisme : CF hyperboles
avec anaphores du « si » dans l’énumération « si bonne, si pure,
si radieuse » : vocabulaire angélique, paradisiaque (Connotation
lumière et pureté).
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Trois temps encore pour
décrire ses occupations bucoliques et charitables : se promener dans les
champs/ entendre chanter les oiseaux en mai/ faire l’aumône aux petits
enfants. On est dans le cliché.
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Bonheur du corps :
petite chambre, bois blanc (là encore, connotations de la blancheur »/le
café le matin.
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Bonheur de l’âme et de
l’esprit: valeurs morales « douceur, amour »/ occupations
respectables : lire et écrire…
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Mais bonheur fragile :
champ lexical de la perte « quitter, reprendre, dire adieu « +
répétition obsédante du « plus » pour dire la perte (7x en 10 lignes)
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Le passé et l’avenir: toute
l’horreur que le personnage envisage dans la deuxième partie du texte s’oppose
à la première partie presque terme à terme :
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subir la curiosité des
étrangers / la douceur des regards de reconnaissance ; se promener dans
les champs/ la chaine au pied ; la petite chambre/ le cachot etc ;.
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La précision des détails
(par ex les couleurs veste rouge, bonnet vert+ connaissance du vocabulaire
argotique) témoigne du fait que J Valjean a déjà vécu tout cela, que l’enfer
n’est pas le fruit de son imagination mais de sa connaissance du bagne, des
coups, des humiliations…
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Au lyrisme des premières
phrases écrites sur le mode du regret avec les conditionnels « il
faudrait, il dirait, il sentirait » s’oppose la sécheresse des infinitifs
énumérés dans la deuxième moitié du texte « recevoir, tendre,
subir.. ».
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Le Lecteur est donc touché
par cette situation : registre pathétique cf. évocation de l’âge du
personnage « vieux, être tutoyé par le premier venu ». Comparaisons
en fin de deuxième paragraphe : « méchante comme un être intelligent,
monstrueuse comme le cœur humain. »
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3e mouvement:
Le dilemme poignant.
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La fin du texte:
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« dilemme » + fin
du texte sur un chiasme qui révèle la complexité du problème. Le problème du
dilemme est d’être insoluble : il n’y pas de « bonne solution »,
d’un côté comme de l’autre, on perd quelque chose.
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CC 1
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En nous montrant les
angoisses de la conscience de son personnage, Hugo fait le portrait d’un homme
bon : son sacrifice (il choisit de se dénoncer) sera rendu plus grand par
la connaissance que le lecteur a de ses hésitations.
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